lundi 8 mars 2010

Maître Tartatruffe : Scène 1 (Deuxième partie)

TARTATRUFFE, songeur Mais au fait, que dites-vous de ma toile ?
Il lui désigne une ligne noire sur une toile de mauvaise qualité.
FOUTREILLE, l'air gêné – Oh ! Par le sang du Christ ! C'est une merveille, la huitième de notre merveilleux monde ! C'est tout simplement somptueux ! Quel peintre magnifiquement talentueux vous faites, Monsieur !
TARTATRUFFE – Vous plaisantez ? J'ai acheté cette croûte ce matin sur le marché dans le seul but de pouvoir m'en moquer indéfiniment.
FOUTREILLE, bafouillant – Ah. Euh... oui bien sûr, je ne faisais que plaisanter...
TARTATRUFFE, pour lui même – Non mais, quelle canaille que ce misérable Foutreille. Son arrogance commence à m'asticoter sévèrement !
Revenant à la conversation.
Mais par contre, celle-ci est de moi.
Il lui désigne cette fois une toile sur laquelle trône la représentation de latrines, au fond d'un jardin mal entretenu.
J'en suis ma foi très fier !
FOUTREILLE – L’originalité subversive et lumineuse de la broussaille est tout à fait intéressante. Le contraste dans la teinte et la température des couleurs évoquent le mode de pensée du perse Mani, homme prophète du IIIe siècle, joyau de l'orient trop sensible pour des temps trop rudes... Je dirai que ce n'est qu'une feinte pour dévoiler la beauté ombrageuse de la cabine faite en bois dans l'arrière-plan. Je crois que vous - peintre ô combien glorieux ! - avez tenté de dénoncer les conventions de l’art académique, et de leur substituer une formule qui serait plus immédiate et surtout, accordée avec le regard de notre temps. Si l'on m'eut demandé mon avis, j'aurais dit que le personnage central du tableau n'est nul autre que le cloporte gesticulant d'une manière burlesque dans les hautes herbes.
TARTATRUFFE, outré – Bah ! Croyez bien que l'on ne vous aurait pas demandé votre avis. Et savez-vous que vous ne devriez pas parler intelligemment ? Cela vous sied fort mal. À vrai dire, on a tendance à penser que c'est un autre que vous qui parle.
FOUTREILLE – Eh bien non ma foi, ces paroles sont bien de moi.
TARTATRUFFE – Incapable comme je vous connais, je suis bien persuadé que vous ne sauriez reconstituez vos dire précédents. Que voulez-vous... ce n'est pas votre faute si vous n'avez que la cervelle d'un poisson rouge infantile. Et pour appuyez mon court réquisitoire, je me permets de vous citer la fois où vous vous êtes perdu dans le pigeonnier. Pigeonnier dans lequel vous avez donc dû passer la nuit entière... et dont vous êtes ressorti couvert de...
Tartatruffe pleure de rire.
FOUTREILLE, le visage tout à fait rouge – C'était différent ! Je m'en souviens bien. Mais je n'étais pas dans mon état normale...
TARTATRUFFE – Mais, évidemment, ce souvenir doit vous être pénible. Enfin en attendant, c'est votre présence qui m'est pénible... rappelez moi Tridouille et allez donc vous rendre utile. Je crois que le pigeonnier a besoin d'être entretenu (sa transition le fait sourire). Ah et... pensez à mettre en pratique l'astuce d'Ariane !
Foutreille sort sans dire un mot et manque de claquer la porte de la pièce.
Quel mauvais caractère ! En vérité, il faudrait être fou pour se hasarder à énumérer tous ses défauts. Cela prendrait bien des jours... que dis-je ? Des mois ou peut-être même des années. (Il lève les yeux au ciel)
Baldard apparaît, serein.
TARTATRUFFE – Mais que faites-vous ici vous ?
BALDARD – Monsieur m'a sonné il y a environ deux heures, il s'avère que je suis quelque peu en retard. Je prie monsieur de bien vouloir m'en excuser.
TARTATRUFFE – Deux heure de retard !? Ah çà ! Vous ne perdez rien pour attendre mon petit gars. Vous avez de la chance : Harfoise arrive. Mais attendez vous à...
BALDARD – Je me permet de faire remarquer à monsieur que mon retard n'est, en définitive, d'aucune importance, étant donné que, visiblement, monsieur avait fini par oublier qu'il m'avait sonné.
TARTATRUFFE, donne un coup de pied dans le tibia de Baldard – Petit insolent ! Il devait bien y avoir une raison si je vous ai sonné. Mais ne soyez pas trop inquiet, nous réglerons cela plus tard.
BALDARD - Bien monsieur.
GAVROCHE

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