samedi 10 mai 2008

Le ciel murmure.

En notre beau mois de mai, j’aime ne rien faire. J’aime à me faire paresser quand le soleil voilé balaie les regards des plus arrogants. Je suis le seul à pouvoir contempler le disque solaire, droit dans les yeux. Il ne me blessera pas, il ne me brûlera pas, car je crois en lui, car il me protège.

Et les pelouses sont vertes mais mal taillées. On s’y vautre, l’esprit vagabond, le corps courbaturé par les efforts des jours précédents, et l’on se dit que certaines combustions valent plus que d’autres dans des moments pareils. Les arbres indiscrets, qui parfois nous privent des éclats de lumière du soleil, nous admirent de toute leur hauteur. Ils forment le bras armé de la Terre contre les gaz nauséeux et nous les supportons en pensant parfois que nous sommes des menteurs.

Je regarde passer les carrosses en observant les beaux cheveux poudrés et les robes excentriques qu’ils renferment. Sur leur passage, dans un formidable élan de lucidité, tous les magnolias de la haie leur envoient quelques unes de leurs nombreuses fleurs, de telle façon que l’on comprend que la nature salue toujours la beauté lorsqu’elle se manifeste sous la forme humaine. Les dames rient de cet instant qui, de par son étrangeté, me glace et le sang et les yeux.

La maison des papillons a été détruite. Et les libellules s'enfuient par crainte du temps - qui était si suave et bénéfique dans l'ancienne mesure - maudissant tout ce qui a le bonheur d'être charmant et gracieux. Elles ne marivaudent plus de tiges de jonc en tiges de jonc sur les rives des mares et des étangs, comme les papillons ne papillonnent plus de tulipes en tulipes dans les vertes prairies. Et je vois une sphère... survolée par une mésange multicolore ! Elle fait son nid sur une dalle de carrelage froide comme la banquise. Les œufs n'éclosent pas. Et l'on se souviendra de ce qui n'existe plus.

Les bouteilles de verre me semblent être d'acier. Elles me frappent, telles des gourdins en furie cherchant inlassablement à punir l'innocence incarnée que je suis. On me hue de tous les côtés. Mais qu'est-ce que cela que peut me foutre ? Elle, elle ne me voit pas. Et je me perds dans des songes qui n'ont plus rien de leur nature originelle. Peu importe. C'est ainsi. Je m'évanouie, dans des vapeurs alcoolisées qui me rappellent tout et qui ne me rappellent rien. Ma conscience se joue de moi, entre en transe et m'abandonne à mon sort. Je suis épuisé, et je suis ivre.

Les chants des hiboux me réveillent doucement. Le son qui s'échappe de leur bec est melliflu, et je l'écoute comme vous écoutez le chant des oiseaux de bon matin. Le ciel est couvert de nuages aux reflets mordorés, des nuages, qui parfois, laissent apparaitre le rayonnement du soleil.



SPLEEN BUCOLIQUE

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