mercredi 25 juin 2008

Oui. Spectre, sexe, cruauté.

Une figure ombrageuse, spectaculaire et ectoplasmique, de mes connaissances incertaines, s'avança récemment vers une foule incrédule. Il la harangua et discourut ainsi :


Quelque part à l’horizon de mon rêve, il y a une forme qui se dessine. Je crois que c’est un spectre. Oui, un spectre, mais le spectre de qui, le spectre de quoi ? Ah ah ah ! Je le sais, oui je le sais ! C’est le spectre d’un sentiment. Un grand sentiment d’amour ? Non, de sexe seulement. Le spectre du sexe qui déplace avec lui des questions effrayantes. J’éructe, j’expectore, je fulmine, je vomis l’hypocrisie générale que l’immonde masse populaire, les parasites de la société et les petits excréments antisociaux vénèrent. Je les vomis tous. Oui ! Le sexe doit être abordé de manière franche et concise, comme le faisait autrefois nos ancêtres païens. Oui ! Je suis révolté à l’idée que notre société indélicate ait régressé depuis le glorieux temps de nos aïeux. Oui !

Ainsi, il serait formellement interdit de penser à des accouplements sur la voie publique ? Je le sais, vous êtes bon de nature, mais notre société vous a perverti. Oubliez la un instant. Imaginez sur un nombre indéfini d’autels, à Paris place du Trocadéro, une multitude de couples faire l’amour sans se cacher. Cela vous choque ? Oui ? Pourtant, cela ne le devrait pas. Vous êtes encore conditionnés par une mentalité extérieure qui vous échappe, et qui, malgré cela, vous subordonne totalement. On appelle cela la conscience collective. Oui, et d’ailleurs c’est ce qu’il y a de plus dangereux pour le bonheur et l’originalité. Ah ! N’est-ce pas stupide et révulsant de se savoir manipulé par quelque chose que vous ne pouvez même pas voir ? Si bien sûr. Comme je vous comprends, mes pauvres ! Je me honnirais moi-même si j’étais comme vous : un sous-fifre melliflu incapable de penser par soi même. En fait, peut-être que vous ne savez même pas que vous êtes vivant… On ne peut savoir si l’on est vivant lorsque l’on ne sait pas penser. « Je pense, donc je suis. » disait votre aimé Descartes ? Ah, oui vous commencez à comprendre : vous vous savez incapable de penser par vous-même (par paresse intellectuelle ou par déficit d’intelligence pour certains, tout simplement) et par conséquent, vous doutez de votre propre existence. Oui, les nuages sont-ils réels, les arbres vibrent-ils vraiment sous la brise, le ciel est-il matériel, suis-je vivant ? Tout cela existe-t-il, ou tout cela n’est-il que la pure fantaisie d’un esprit supérieur dont je suis l’humble subalterne ? Que se passerait-il si vous disparaissiez soudainement ? Rien. Car si vous ne savez même pas que vous êtes vivant, autrui ne le sait pas non plus et donc, il ignore votre mort. Bah… c’est peut-être mieux ainsi : cela lui épargne de verser des larmes que vous n’auriez sûrement pas mérité. Oui, vous : celui est choqué par un acte sexuel, amoureux, philanthropique (c’est selon), celui qui vient à l’instant même de douter de sa propre existence, celui qui ne vaut rien et qui n’existe ni pour lui, ni pour autrui.

Pleurez-vous ? Je l’espère. M’avez-vous déjà fui ? Vous douterez jusqu’à votre mort, après avoir rejoint votre horde de foutus esclaves. Me haïssez-vous ? Vous me donnerez raison.

GAVROCHE

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un autre genre de lecture, bien plus pointu que la poésie et trés percutant ... bonne continuation à vous :)

http://cristalinette13.vip-blog.com/